Dossier coordonné par Mikaël Chambru et Jean-Philippe De Oliveira (Gresec, Université Grenoble Alpes)
Le risque est devenu une préoccupation majeure des sociétés contemporaines, en témoigne la prégnance dans la vie sociale des questions et controverses autour de l’alimentation, du nucléaire, des substances chimiques, de la pollution de l’air, de la ressource en eau, des vaccins, etc. Les recherches en Sciences humaines et sociales (SHS) ont analysé le processus de mise en visibilité des risques, leurs reconnaissances publiques et leur inscription à l’agenda des autorités publiques (Borraz, 2008). Un nouveau régime des alertes s’est progressivement imposé dans l’espace public avec la multiplication des controverses autour des risques sanitaires et environnementaux, liant scénarisations du futur à l’expérience sensible d’individus exposés aux risques dans des milieux en interaction (Chateauraynaud et Debaz, 2017). Ces controverses sont aussi des problèmes globaux caractérisés par la mo...
Coordination: Mikaël Chambru and Jean-Philippe De Oliveira (Gresec, Université Grenoble Alpes)
Risk has become a major concern of contemporary societies, as evidenced by the prevalence in social life of questions and controversies surrounding food, nuclear power, chemical substances, air pollution, water resources, vaccines, etc. Research in Human and Social Sciences (SHS) has analyzed the process of making risks visible, their public recognition and their inclusion on the agenda of public authorities (Borraz, 2008). A new regime of alerts has gradually established itself in the public space with the multiplication of controversies around health and environmental risks, linking scenarios of the future to the sensitive experience of individuals exposed to risks in interacting environments (Chateauraynaud and Debaz, 2017). These controversies are also global problems characterized by the rise of transnational scientific expertise and transnational risk regulation bodies as well as tran...
L’étude des pratiques juvéniles d’évaluation de l’information sur les médias sociaux fait émerger des enjeux épistémologiques liés à l’intégration des pratiques communicationnelles et à la multiplicité des facteurs intervenant dans le processus d’évaluation de l’information. L’objectif de cet article est de montrer en quoi l’approche info-communicationnelle et multidimensionnelle adoptée pour analyser ces pratiques juvéniles sur les médias sociaux permet de comprendre le caractère instrumenté et situé de ces pratiques et l’articulation des logiques individuelles et collectives à l’œuvre dans le cadre d’une expérience informationnelle. Aussi il présente les approches conceptuelles et méthodologiques choisies pour analyser ces pratiques informationnelles.
Nous proposons une typologie originale des 3 540 « carnets » tenus sur la plateforme Hypotheses.org depuis sa création et ce, à partir de l’observation des pratiques d’écriture et de la manière dont ils sont investis par un ou plusieurs contributeurs affiliés au monde de la recherche. La variété des modes de participation sur la plateforme (intervention unique, mono-carnet, collaborations à différents blogs, etc.) et leur évolution montrent combien la co-écriture occupe une place importante dans le blogging scientifique.
Cet article traite des incivilités numériques professionnelles en période de pandémie de Covid-19. Inscrite dans une perspective critique, cette recherche vise à mieux comprendre le sentiment d’incivilité à l’aune des reconfigurations de l’autonomie et du contrôle en contexte de travail à distance. Notre corpus se compose de 34 entretiens semi-directifs réalisés à l’issue du troisième confinement de juin 2021 auprès de télétravailleur·e·s. L’analyse montre que les représentations relatives à l’incivilité numérique sont corrélées à des pratiques de contrôle managérial inédites, perçues comme un déni de reconnaissance, ainsi qu’au bouleversement des règles relatives à l’exercice de l’autonomie au niveau individuel et collectif.
Le concept de « male gaze », proposé par Laura Mulvey en 1975, bénéficie aujourd’hui d’une actualité forte. Les usages contemporains du concept tendent cependant à évacuer ses fondements psychanalytiques aussi bien que la thèse centrale sur laquelle il repose : l’idée d’une subjectivation des publics par l’expérience cinématographique. À partir de l’étude de deux controverses survenues entre 1974 et 1980 autour des thèses de Mulvey, cet article montre que ces points ont pourtant été l’objet d’intenses conflits théoriques et politiques. Ils soulignent l’inadéquation du concept pour appréhender le processus de réception mais aussi l’incompatibilité radicale entre les cultural studies et la tradition depuis laquelle opère Mulvey.
Cet article s’appuie sur une étude doctorale qui retrace le voyage d’une formule dans les discours instituants : l’esprit critique. Une analyse quantitative et qualitative d’un corpus de textes institutionnels couvrant une période de 21 années (1998-2019) permet de suivre le parcours de cette formule, d’observer ses trajectoires et d’identifier ses corrélations. Cette analyse interroge l’évolution des normes et des processus de normalisation des contenus de culture transmis à l’école. Sa finalité consiste à discuter, dans une perspective épistémologique, la notion de « culture critique de l’information ».
Les recherches sur les pratiques informationnelles en France renvoient à des épistémologies et des méthodologies plurielles s’appuyant sur des terrains d’observation diversifiés. En partant de la définition de M. Ihadjadene et de S. Chaudiron de 2009, nous défendons l’idée d’une approche communicationnelle des pratiques informationnelles dans le domaine éducatif français. Cette approche info-communicationnelle rend compte d’une orientation sémiotique pour analyser les pratiques informationnelles des élèves et des enseignants dans leur environnement de travail à travers les dispositifs médiatiques utilisés.
La presse locale est confrontée à une baisse de son lectorat. Pour autant, l'information hyperlocale continue de circuler dans les territoires. En étudiant les différents protagonistes de l’information locale (journalistes, correspondants locaux de presse, acteurs associatifs, politiques), nous pointons un lien distendu entre le territoire et la presse locale. L’étude des pratiques informationnelles locales vise alors à cerner les logiques de plateformisation à l’œuvre au niveau local.
Les pratiques informationnelles des jeunes ont été ou sont régulièrement étudiées, questionnées et mobilisées par de nombreux acteurs de la société, pouvoirs publics, chercheur·e·s, monde associatif et médias. Cette contribution resserre la focale sur le public jeune et universitaire étudiant dans le domaine des sciences humaines et sociales et s’intéresse à leurs pratiques informationnelles de l’actualité. Elle étudie la façon dont ces étudiant⋅e⋅s consomment l’information d’actualité à travers le regard qu’ils et elles portent sur leurs propres pratiques. In fine, l’article pose l’hypothèse centrale que leur rapport à l’information d’actualité et à sa consommation serait le fruit d’ajustements incessants entre différentes pratiques et apprentissages normés (éducation aux médias, environnement familial et amical, etc.).